Devenu le symbole de la liberté d'expression et du soutien au journal satirique Charlie Hebdo, le slogan "Je suis Charlie" s'affiche sur les pancartes, les affiches, les réseaux sociaux et les rassemblements. Si certains l'ont bombé ou sérigraphié artisanalement sur leurs vêtements, imprimé sur des feuilles ou réutilisé dans des caricatures, d'autres l'ont déjà apposé sur bon nombre de produits dérivés.
Une partie seulement des e-shops commercialisant ces articles s'est engagée à reverser la totalité des bénéfices à la rédaction de Charlie Hebdo et aux familles des victimes de la fusillade du 7 janvier. La grande majorité a déjà sombré dans une démarche purement mercantile où cette phrase se retrouve sur des coques de téléphone, des tasses, des sacs, des pulls ou encore des stickers pour murs. La boutique parisienne Melocoton vend des tee-shirts au prix de 25,90 € et indique que "bien entendu au moins 50% des bénéfices seront reversés au journal Charlie Hebdo". Pour Spreadshirt et sa dizaine de tee-shirts, pas de trace de don du tout.
Sur le site de la communauté artistique Redbubble, la collection de tee-shirts et pulls "Je suis Charlie (Stand up to terrorism)" ("Résister au terrorisme") se réapproprie le slogan, sans verser un centime ni à l'auteur de l'image, ni au journal. Un e-shop JesuisCharlie.net a même été créé pendant quelques heures, avant que les internautes ne le conteste et ne le fasse fermer. Interrogé par le magazine Street Press, Philippe B. le créateur du site a expliqué sa démarche aux "marges minimes". "Je n'avais aucune volonté de me faire de l'argent sur cette histoire, je me suis juste demandé comment on pouvait participer".
De leur côté, les particuliers sont loin d'être les derniers à profiter de ce business. Sur Ebay, les enchères vont du simple tee-shirt à un dessin original de Cabu vendu 310 €. Le numéro de Charlie Hebdo renommé Charia Hebdo atteint même les 1 000 €, quand un dessin de Cabu datant de 1985 est proposé à la vente au prix de 88 000 €.
Face à cette commercialisation du slogan qu'il a créé, Joachim Roncin s'est exprimé aujourd'hui sur son compte Twitter, précisant qu'il ne soutenait que l'utilisation commerciale par l'ONG Reporters sans Frontières. Les bénéfices de cette vente seront, selon le site de la boutique de RSF, "intégralement affectés aux programmes de RSF pour la défense de la liberté de la presse". Le journaliste et créateur de "Je suis Charlie" avait déjà précisé les conditions souhaitées d'utilisation de cette image.
Le message et l'image sont libres de toute utilisation en revanche je regretterais toute utilisation mercantile. #Jesuischarlie
— joachim (@joachimroncin) 8 Janvier 2015
En parallèle de ce commerce naissant autour de la fusillade à la rédaction de Charlie Hebdo, des journaux et des entreprises telles que Canal +, Google et Le Monde ont versé une aide financière au journal. Déjà déficitaire et désormais sans locaux ni matériel, le journal satirique sera également hébergé dans les locaux de Libération. De même, aucune marge ne sera gardée par les intermédiaires, distributeurs et revendeurs de presse, concernant les un million d'exemplaires de Charlie Hebdo qui paraîtront mercredi prochain.
* Photo extraite du site de la boutique Reporters sans Frontières
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