Si les créations de poissons génétiquement modifiés ont été nombreuses depuis les années 80, aussi bien à l'INRA de Rennes qu'à Cuba ou au Canada, les États-Unis viennent de passer à la vitesse supérieure en autorisant l'élevage et la commercialisation des saumons AquAdvantage. Ceci représente alors la première autorisation de mise sur le marché pour un animal génétiquement modifié et voué à la consommation humaine. Développée par AquaBounty, cette nouvelle espèce créée par l'homme est présentée par la société canadienne comme une solution écoresponsable à la surconsommation de saumon.
En premier lieu, le patrimoine génétique de ce saumon GM a la particularité de réduire de moitié le temps de croissance, demandant entre 16 et 18 mois d'élevage contre 32 à 36 mois pour les saumons non génétiquement modifiés. Dans un article du magazine Wired, Eric Hallerman, scientifique spécialisé dans la conservation des poissons à l'Université américaine Virginia Tech, explique que l'équipe d'AquaBounty a « pris le gène d'une hormone de croissance du saumon Chinook, la plus grosse espèce de saumon du Pacifique et ont poussé cette hormone au surmenage avec un promoteur de gène extrait de la loquette d'Amérique, une espèce d'anguille pouvant survivre et grandir dans des eaux presque gelées ». La combinaison des deux permet ainsi au saumon GM de continuer son développement sans interruption, quand naturellement un ralentissement est observé chez les saumons non GM lorsqu'ils se trouvent dans des eaux froides.
Étayant son argumentaire, la firme met en avant également les besoins amoindris de ces animaux demandant « 25 % de nourriture en moins par rapport à n'importe quel saumon d'Atlantique » vendu sur le marché actuellement. Mais l'élément faisant du saumon AquAdvantage un poisson dit durable pour son créateur est l'empreinte carbone de son système d'élevage. Les deux sites prévus pour la production étant situés au Panama et au Canada, l'empreinte carbone liée au transport de la marchandise aux États-Unis sera divisée par 25 par rapport à l'import de saumons d'Atlantique élevés en Norvège ou au Chili.
Mais au-delà de l'écoresponsabilité de la production, les consommateurs ont d'autres inquiétudes nécessitant d'être effacées avant qu'ils n'acceptent de voir une denrée génétiquement modifiée arrivée dans leurs assiettes. Balayant les risques sanitaires, le rapport de la FDA affirme que ses tests ont ainsi permis de s'assurer que les modifications apportées à l'ADN du poisson n'ont pas d'incidences sur sa santé ni sur celles des humains, après consommation. L'institution gouvernementale a, de ce fait, statué que " les aliments provenant du saumon AquAdvantage sont aussi inoffensifs pour la consommation et aussi nourrissants que d'autres saumons d'Atlantique non GM ". Ses qualités nutritionnelles resteraient également inchangées.
Mais si le saumon AquAdvantage s'est aujourd'hui vu accorder la confiance de la FDA, le travail d'AquaBounty a longtemps fait polémique menant la FDA à refuser le projet de commercialisation de ce poisson pendant plus de 10 ans. Majoritairement mises en cause, les conséquences sur l'environnement et sur les espèces sauvages semblent avoir été minimisées par le développement d'élevages sur terre. Ainsi, les saumons AquAdvantage ne verront aucun lacs ni rivières de leur vie, et ne seront pas même enfermés dans des cages immergées dans leur milieu naturel. Ils resteront, en effet, cantonnés à des bassins sécurisés et installés sur terre.
Pour éviter la transmission des transgènes de cet animal à ses compères sauvages, les saumons AquAdvantage seront uniquement des femelles stérilisées afin de diminuer les risques de voir l'une d'elles s'échapper de l'élevage et s'accoupler avec un saumon sauvage, mettant alors en péril le patrimoine génétique de ce dernier. Toutefois, le risque zéro n'existe pas et certains scientifiques comme Marc Vandeputte le soulignaient déjà en 2010. Alors interrogé par Le Figaro sur les recherches d'AquaBounty, ce chercheur à Institut français de recherche agronomique (INRA) affirmait que la stérilisation des poissons transgéniques n'était pas totalement effective. « Même si elle marche dans 99 % des cas, il y a tout de même un petit risque que le transgène passe dans les populations sauvages ». D'autant que pour lui, « la transgenèse est devenue marginale dans la recherche aquacole. Ce n'est pas une voie d'avenir ».
Un sentiment que l'administration américaine et AquaBounty ne semblent pas partager. Aussi, les saumons génétiquement modifiés devraient arriver sur le marché américain dans les prochaines années, mais pas avant 2 ans. Quant aux consommateurs soucieux de ne pas en consommer, ils ne pourront pas se rassurer en scrutant les étiquettes des produits, la FDA ayant estimé qu'un étiquetage spécifique reste superflu.
* Photos extraite du site AquaBounty : https://aquabounty.com/
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