Intégré dans le projet du Grand Paris, EuropaCity se présente comme une nouvelle forme de complexe commercial en France, se rapprochant de la démesure des malls de Dubaï, où les plans du Mall of the World ont été récemment revus à la baisse. En effet, ce dernier prévoyait à l'origine de créer 7 kilomètres de promenades entièrement climatisées toute l'année, ce qui a été abandonné pour un système d'ombres fournies par des bâtiments plus rapprochés. Plus de 2 ans après l'annonce du projet par la Dubaï Holding, son chef des opérations Morgan Parker avouait ainsi en janvier dernier à l'agence Bloomberg que " climatiser un complexe entier n'est pas viable financièrement et n'est environnementalement pas responsable ".
Si le projet présenté par Immochan, filiale immobilière du groupe Auchan, ne nécessite pas de créer un microclimat propice à la déambulation des clients dans cette ville commerciale, il partage avec lui l'ambition de créer une ville futuriste placée sous le signe de la consommation où se mêlent centres commerciaux, restaurants, boutiques, complexes de loisirs et salles de spectacle. Né en 2006, le projet EuropaCity développé conjointement par Immochan et le groupe chinois Dalian Wanda, exploitant d'ores et déjà plus de 71 centres commerciaux à travers le monde, vient combler une attente de ce partenaire. Son président Wang Jianlin avait, en effet, déjà fait part de son désir d'investir en France à François Hollande, lors d'une visite fin 2015. Et le vœu est en passe de s'exaucer pour Dalian Wanda, qui devrait créer avec EuropaCity son " plus important projet […] hors de Chine ".
Organisée comme une ville responsable où les voitures n'ont pas le droit de cité, EuropaCity s'articule autour d'une place centrale, à partir desquelles des rues s'ouvrent sur six univers distincts où luxe et commerces populaires sont séparés. Ainsi, l'espace Hype-emotion regroupe les boutiques de luxe, les ateliers de créateurs, les ateliers de gastronomie ainsi que les grands restaurants et hôtels. Côté culturel, les badauds se promenant dans cet univers pourront assister à des événements culturels tels que des défilés de mode ou des ateliers culinaires et traverseront la grande halle d'exposition.
Sur les plans, ce quartier huppé sera entouré du quartier Show-emotion et de l'Xtrm-emotion. Dans le premier se concentreront des salles de concerts, des cabarets, des boîtes de nuit, des commerces culturels et technologiques ainsi que des restaurants et des bars, quand les rues seront le théâtre de happenings et de performances artistiques. Vivement critiqué, le second transpose une station de ski couverte à seulement quelques kilomètres de Paris. Ce Parc des neiges serait ainsi composé d'une école et de pistes de ski, d'espaces de pratique de sports extrêmes et accueillerait des compétitions et événements sportifs. Chaque quartier semblant avoir sa clientèle attitrée, les boutiques pour adolescents et les auberges de jeunesse seront quant à elles installées autour du Parc des neiges.
Situé à l'exact opposé du quartier Hype, l'espace Pop-emotion verra quant à lui s'installer les chaînes internationales, le cirque contemporain rappelant ceux de Las Vegas, un parc d'attractions couvert et des événements populaires comme des parades, des foires ou des fêtes en plein air. Il n'est alors plus question de grands hôtels ni même de restaurants classiques, mais de restauration rapide et d'hôtels familiaux.
Et le jeu des opposés continue avec les deux derniers univers d'EuropaCity. D'un côté, le Zen-emotion joue le rôle du quartier vert et de la consommation responsable avec ses magasins et restaurants bio, sa ferme pédagogique et ses parcs de cueillette. Pour un corps sain dans un esprit sain, cet espace placé sous le signe du bien-être héberge également la médiathèque, les centres de remise en forme et les spas. Toutefois, en traversant la place centrale dans la direction opposée, les clients se retrouveront face à deux temples de la consommation énergétique : les quartiers Sun-emotion et Xtrm-emotion.
Concernant l'impact environnemental d'EuropaCity, le cabinet d'architectes Bjarke Ingels Group (BIG) n'a pas lésiné pour rendre ce gigantesque centre commercial plus responsable que ses homologues d'envergure similaire. Ce cabinet, travaillant entre autres sur le projet 2 World Trade Center et les nouveaux bureaux de Google à Mountain View (États-Unis), prévoit ainsi d'agencer cette mini-ville autour de 100 000 m² d'espaces publics (contre 230 000 m² de commerces) dont 10 hectares de parcs en libre d'accès et une ferme de 7 hectares. 5 milieux naturels seront également représentés au travers de " prairies sèches et fleuries ", de bocages et de pré-vergers évitant la concentration d'arbres fruitiers à l'inverse des vergers conventionnels. Les deux promoteurs prévoient également de développer un parc solaire de 13 hectares et d'installer des panneaux photovoltaïques sur les toits afin de produire une partie de la chaleur et de l'électricité consommées au sein d'EuropaCity.
Quant aux deux parcs visiblement les plus consommateurs en énergie, ils devraient s'équilibrer, le parc aquatique fournissant la chaleur nécessaire au refroidissement des pistes de ski et inversement. Avec ces dispositifs, la direction d'EuropaCity s'est engagée à produire sur place la totalité de l'énergie et de l'eau potable consommées dans le complexe, notamment via la revalorisation des déchets et la méthanisation. Par ailleurs, la ville sera entièrement piétonne à 500 m autour de la place centrale, les clients ayant accès gratuitement à des vélos, segways et navettes pour se déplacer, afin de limiter les émissions carboniques.
Essentiellement tourné vers le commerce et les loisirs, ce complexe voué à devenir le plus grand d'Europe comporte également un autre volet n'apparaissant pas dans le spot de présentation du projet. Interrogé par la journaliste Paola Puerari de La Nouvelle Édition (Canal +), Christophe Dalstein, directeur d'EuropaCity précisait alors son étendue réelle. " On aura à la fois des places, ce grand parc de 10 hectares et va se développer un quartier d'affaires porté par l’État pour constituer une porte d'entrée dans la métropole de demain ".
Partenaire indirect de cette ville commerciale destinée à s'imbriquer dans le futur Grand Paris, l’État a d'ailleurs déclaré EuropaCity d'utilité publique, bien que le projet émane de sociétés privées. Selon un communiqué du groupe Wanda, le Président français aurait d'ailleurs reçu les deux signataires du contrat Wang Jianlin (Wanada) et Vianney Mulliez (Auchan) à l'Élysée après la signature du contrat en février dernier, quelques jours avant le début des débats publics concernant l'ouverture et la construction d'EuropaCity.
Représentant un investissement estimé à 3,1 milliards d'euros, le projet dont la construction devrait débuter en 2019, s'il est définitivement validé par la population des régions concernées, promet la création de 4 200 emplois durant la phase de construction et de 11 800 emplois après l'ouverture, une promesse balayée par la socio-économiste Jacqueline Lorthiois, spécialiste des grands travaux interrogée par Mediapart et comparant, entre autres, le futur chantier d'EuropaCity aux deux grands chantiers en cours en France (l'EPR de Flammanville et la LGV entre Tours et Bordeaux) employant " entre 4 000 et 4 500 salariés " pour des travaux dont " le niveau de complexité dépasse de très loin celui d'EuropaCity ".
Même chose avec les emplois créés après l'ouverture du complexe ne prenant pas en compte la perte d'emploi dans les commerces environnants, le futur emplacement d'EuropaCity étant situé à proximité de commerces de proximité et de 3 grands centres commerciaux déjà en difficulté (positions géographiques à voir dans la vidéo ci-dessus). Ouvert en 2013 par la société Unibail-Rodamco, Aéroville regroupant ainsi 84 000 m² de commerces, dont un supermarché Auchan, s'est vu dans l'obligation de développer différents leviers comme l'ouverture le dimanche pour rester compétitif face à O'Parinor. Un des 5 plus grands centres commerciaux français, ce centre existant depuis les années 70 a été rénové en 2013, lui aussi pour concurrencer Aéroville. En juillet 2015, Franck Hayat, patron des commerçants de ce centre confiait au journal Le Parisien : " On va ouvrir le dimanche en 2016, car on a plus le choix. […] Pendant 2 ans, il faudra éduquer notre clientèle afin qu'elle change ses habitudes. Entre 50 et 70 % des commerçants vont perdre de l'argent, mais c'est le prix à payer pour résister ".
Situé près de l'aéroport de Roissy à Gonesse, ville potentielle d'implantation d'EuropaCity, Paris Nord 2 a été " conçu et aménagé par un aménagement public : Grand Paris Aménagement " (ex- Agence foncière et technique de la région parisienne) au début des années 80, peut-on lire sur son site. Premier parc d'affaires privé européen, il concentre à lui seul pas moins de 1 million de m² de bureaux et d'activités et 70 hectares d'espaces verts.
Loin de faire l'unanimité dans la sphère publique, le projet EuropaCity est actuellement au coeur de débats publics jusqu'au 30 juin 2016. Permettant de visualiser l'étendue du projet, le site d'Europacity propose par ailleurs des comparaisons de grandeur entre ses différents pôles et des monuments/institutions parisiennes.
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