Loin d'être la première à mettre ce problème en lumière, l'ONG Women in Europe for a Common Future, rassemblant des organisations féminines et environnementales interpelle la Commission européenne concernant la présence de composés chimiques toxiques et/ou allergisants dans les produits de soin et d'hygiène destinés aux enfants de moins de 3 ans.
Pour son enquête menée durant l'été 2015, l'ONG a donc étudié de près la composition déclarée sur les étiquettes de 341 produits cosmétiques commercialisés dans l'Union européenne, 131 provenant de pharmacies/parapharmacies, 117 de la grande distribution et 54 de magasins biologiques. 9 catégories de produits ont ainsi été étudiées et classées dans deux catégories distinctes, à savoir :
Si les produits provenant des magasins biologiques n'ont révélé, hormis la présence de parfums pouvant être allergènes, " aucun autre ingrédient problématique ", bon nombre d'articles vendus via les deux autres canaux de distribution cumulent les mauvais points.
Après avoir listé les substances trouvées dans les différents produits pour bébé, l'équipe de WECF les a classés dans 3 catégories distinctes, en fonction de leur dangerosité attestée ou soupçonnée, tout en tenant compte du manque de données scientifiques pour certaines substances. Ainsi, un composé classé en risque faible ou non identifié peut être utilisé depuis de nombreuses années dans le secteur des cosmétiques sans avoir de données préoccupantes. Toutefois, les données le concernant restent peu fournies. À l'inverse, l'ONG classe en risque élevé les composés qui, " bien qu'autorisés par la réglementation ne […] semblent pas dotés de toutes les garanties de sécurité pour être incorporés dans un cosmétique pour bébés et jeunes enfants ".
Ainsi, 3 composés retrouvés dans ces produits pour bébés ont été classés par WECF comme présentant un risque élevé. Parmi eux, le phénoxyéthanol identifié dans 54 produits étudiés (dont 26 lingettes) est un conservateur suspecté d'être toxique pour le foie et de perturber l'appareil reproducteur. Reprenant les études menées par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), l'association UFC-Que Choisir pointait du doigt, en 2013, le taux de phénoxyéthanol dans les produits cosmétiques pour adultes, mais plus particulièrement dans les produits pour les enfants de moins de 3 ans et les produits destinés au siège servant à nettoyer et prendre soin des fesses de bébés.
Étudiant la question depuis 2009, l'ASNM avait fait part de ses recommandations dès 2011 prévoyant de les transmettre à la Commission européenne (CE) en 2012 "afin qu'une position commune soit adoptée". En revanche, elle précisait alors qu'aucun " signalement de cosmétovigilance en lien avec cette substance " n'avait été effectuée par des consommateurs, des fabricants, des distributeurs ou des professionnels de santé; ces 3 derniers corps de métiers ayant l'obligation de déclarer tout effet indésirable grave ayant été constaté ou leur ayant été déclaré. Toutefois, elle préconisait la suppression du phénoxyéthanol dans tous les produits destinés au siège et une forte réduction de la teneur maximale autorisée de 1 % à 0,4 % dans les produits destinés aux enfants de moins de 3 ans, et de 1 % à 0,8 % concernant les cosmétiques pour adultes.
Autres conservateurs incriminés et classés comme risqués par WECF, les methylisothiazolinone (MI) et Methylchloroisothiazolinone (MCI) sont des conservateurs dont la teneur dans les produits cosmétiques (adultes et enfants confondus) est autorisée à hauteur de 0,01 % (soit 100 ppm) s'ils sont utilisés seuls ou à 0,0015 % si le produit contient ces deux substances. Toutefois, le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (SCCS), organisation indépendante bien que gérée par la Commission européenne, publiait son opinion sur le MI faisant suite la réunion plénière du 12 décembre 2013.
" Les données cliniques actuelles indiquent que 100 ppm de MI dans les produits cosmétiques ne sont pas sans danger pour le consommateur. Pour les produits sans rinçage, aucune teneur de MI n'a été démontrée sans danger dans la provocation d'allergies de contact. Pour les produits cosmétiques à rincer, une concentration de 0,0015 % est considérée comme sûre pour le consommateur du point de vue de la provocation d'allergies ".
Prenant les devants sur la législation, l'association Cosmetics Europe regroupant plus de 4000 entreprises du secteur publiait, en 2013, une recommandation plus drastique. " Au vu des discussions avec Société européenne des dermatites de contact (ESCD), Cosmetics Europe recommande de cesser l'utilisation de Methysothiazolinone (MIT) dans les produits pour la peau sans rinçage, les lingettes humides incluses ".
La troisième catégorie de composants jugés risqués par la WEFC regroupe les parfums et les fragrances dont certaines font déjà l'objet d'interdiction ou d'une réglementation stricte dans l'Union européenne. Toutefois, 12 autres restent utilisées dans les cosmétiques bien que le SCCS les ait identifiées " comme préoccupantes pour leurs effets allergènes par contact chez l'être humain ", précise WECF.
À ces 3 substances risquées s'ajoutent également 4 autres familles de composés dont le risque est jugé modéré par l'ONG : les huiles minérales, l'EDTA utilisé dans des produits moussant et des savons, les sulfates et les composés nanoparticulaires (MBBT, dioxyde de titane, oxyde de zinc…).
En conclusion de son étude, l'ONG conseille d'éviter l'utilisation systématique de produits cosmétiques et d'hygiène, de préférer les produits à rincer et d'éviter les produits contenant des parfums. Décrypter les étiquettes des produits et bannir, quand cela est possible, l'utilisation de lingettes et préférer celle de liniment ou d'une autre alternative naturelle. De même, l'eau nettoyante laissera facilement sa place à l'eau du robinet.
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